Venise a toujours été et est toujours de nos jours, considérée comme la capitale des chats libres, même si leur population a sérieusement diminuée.
l’invasion des rats.Venise savait que seuls les chats étaient l’arme la plus efficace qu’elle possédait contre ce puissant ennemi.
Rien qu’avec leur présence et leur odeur ils empêchaient les rats de sortir en masse des canaux, d’envahir les ruelles, les magasins et les maisons riches en nourriture.
C’est pourquoi, aux temps de la République Sérénissime, le chat était considéré comme un animal d’utilité publique et, comme tel, respecté et soigné.
Dès les premières installations et habitations lagunaires, c’est déjà la présence des chats autochtones qui aida les habitants à se débarrasser des rats.
Quand commencèrent à prospérer les échanges avec Byzance et l’Orient, parmi les marchandises raffinées ramenées de Venise, il y avait aussi des chats angora à poil long dont la beauté fascinait les nobles et les riches marchands. Dans les somptueux palais vénitiens entrèrent alors les chats orientaux payés à prix d’or et traités comme des princes.
A côté de ces splendides animaux, dans les ruelles courraient les chats lagunaires, infatigables chasseurs et sentinelles contre les rats.
Vers la fin du XIIIeme siècle, leur bravoure était tellement appréciée qu’il fut décidé de les embarquer dans les grands vaisseaux vénitiens, inscrits par groupe de 3 ou 4 sur les registres de bord, comme assurance et protection contre les assauts des rongeurs sur les marchandises transportées, avec un matelot chargé de les nourrir et les soigner. Les chats étaient tellement importants qu’ils étaient devenus un “porte-bonheur” dans la tradition maritime vénitienne.
Mais bientôt, les navires revenant de l’Orient, chargés de marchandises et des chevaliers des croisades en Palestine, ramenèrent un passager clandestin : le RAT NOIR, le terrible rat de la peste. Les chats de Venise n’étaient plus suffisamment nombreux et féroces pour le combattre.
En l’espace d’environ un demi-siècle, la peste extermina un tiers de la population vénitienne et se diffusa en Europe. Elle fut l’un des fléaux les plus épouvantables jusqu’à la fin du XVIIIeme siècle.
Alors que l’inquisition faisait stupidement des ravages sur les chats considérés comme la réincarnation du démon, les vénitiens comprirent que les chats, associés à de meilleures conditions hygiéniques, pouvaient les aider contre la peste. Ils eurent connaissance qu’en Syrie et en Palestine existait une race de chat très combattive : le chat « SORIANO »
Ils commencèrent à les importer pour créer, en les croisant avec les chats de la lagune, une race particulièrement agressive. Devant cet ennemi très décidé, les rats furent contraints de se réfugier dans les canaux desquels, même aujourd’hui, ils sortent rarement.
Le SORIANO est l’illustre descendant des chats importés de Syrie sur les vaisseaux vénitiens.
Plus haut sur patte que nos chats communs en France, il a une grosse tête avec de fortes bajoues.
Il est intelligent, indépendant, robuste et courageux. C’est un extraordinaire chasseur qui aime la liberté mais qui devient fidèle quand il vit en compagnie de l’homme.
Si vous passez par la place San Marco, vous trouverez Achille, le chat du bar "Lavena", qui monte la garde toute la journée devant cet édifice, sans se soucier outre mesure des touristes. Vous rencontrerez également Leone, le gros chat du bar "Americano". Il est toujours dans la ruelle voisine où il miaule sans cesse en attendant 9h40 pour se coucher près d'Achille.
le doge Francesco Morosini avait un chat auquel il tenait tellement, qu'il l'emmenait partout avec lui, même lorsqu'il partait en guerre. Ce chat s'appelait Nini, c'était le chat d'un café du XIXe siècle qui se trouvait près des Frari. A sa mort il eut l'honneur de se voir construire une statut en sa mémoire, tout comme le chat tigré du gardien du campanile de San Marco, unique victime lors de son effondrement en 1902.
Avec la fin de la République de Venise, les chats n'eurent plus cette clairvoyante et précieuse protection du gouvernement, si bien qu'à la moitié du siècle dernier, les chats errants se trouvaient dans une position plutôt critique. Toutefois en 1964, arrive à Venise une anglaise nommée Helena Sanders (1911-1997). Helena décida de leur venir en aide en lançant une campagne d'aide internationale. Suite à cette mobilisation, on fonda en 1985 une association nommée Dingo, pour la protection des animaux errants et abandonnés.