On appelle Moyen Âge l'époque de l'histoire occidentale située entre l'Antiquité et l'Epoque moderne (qui, elle, couvre la fin du Moyen Âge jusqu'à la Révolution française), soit du VIè au XVIè siècle. Il s'étend donc sur une période de 1000 ans.
L'expression "Moyen Âge" n'a pas de sens en elle-même. Elle vient du latin "medium aevum", qui signifie "âge intermédiaire" ou "âge moyen" d'un homme. Le Moyen Âge est donc un âge intermédiaire entre différentes époques et différents courants artistiques, pendant lequel le chat n'a pas eu la vie belle. Après avoir été vénéré dans nombres de sociétés, le Moyen Âge a fait du chat un animal maléfique investis de pouvoirs effrayants, et persécuté.
LA PAPAUTE ET LES CHATSLa religion chrétienne est au coeur de l'histoire médiévale : elle modèle la pensée de cette époque, notamment en raison de la montée en puissance de l'Eglise catholique organisée autour de la papauté de Rome. Les papes au Moyen Âge n'ont pas été bienveillants avec les chats, certains n'hésitant pas à les faire exterminer sous prétexte qu'ils étaient malfaisants et diaboliques.
Le renouveau des cultes païens, notamment au XIVe siècle, a contribué à l'extermination des félins. Si les Egyptiens avaient donné au chat une réputation surnaturelle et païenne pour ses mystères, sa grâce et sa beauté, l'Eglise interpréta ces qualités de façon bien différente et accusa le chat d'être la réincarnation du diable. Une bulle papale de 1233 stipula que les chats noirs étaient les serviteurs du Diable. Plusieurs siècles de haine envers les chats s'ensuivirent. En voulant lutter contre les rites païens, l'Eglise inventa le chat démoniaque.
L'INQUISITIONAprés la création de l'Inquisition, ce qui est considéré comme hérésie est constamment élargi et diversifié. C'est ainsi que la sorcellerie est combattue violemment, au prix d'innommables mensonges venus de l'Eglise elle-même. A partir du XIIe siècle en Europe, l'Eglise accuse de nombreuses femmes de pratiques magiques néfastes (sorcellerie) et de satanisme. C'est autour du XIIIe siècle que l'Eglise associe définitivement le chat à la sorcellerie.
Le pape Innocent VII (1336 - 1415) exigea une intensification immédiate de la persécution des chats, provoquant une augmentation des décès des félins, dont le nombre atteignit plusieurs millions.
Le pape Innocent VIII (1432 - 1492) a lui aussi sérieusement contribué à l'horreur de la situation. En 1484, il rédigea une bulle papale ordonnant que les sorcières et leurs chats soient brûlés vifs.
LE CHAT ET LA SORCELLERIELes victimes des procès pour sorcellerie sont essentiellement des femmes qui appartiennent en majorité aux classes populaires. Ces femmes, dont certaines sont accusées de se transformer en chatte lors de leurs sabbats (assemblées nocturnes de sorcières, qui donneraient lieu à des banquets, des cérémonies païennes, voire des orgies), sont torturées, noyées, brûlées sur le bûcher avec leurs chats noirs.
A cette époque, toute personne possédant un chat noir risque de mourir brûlée vive, à moins que le chat ait une petite touffe de poils blancs appelée "doigt de Dieu" ou "marque de l'ange" sur le poitrail.
Dans ces croyances d'un autre âge, le chat noir était soit la réincarnation du diable, soit celle de la sorcière. Le chat était alors jugé comme une personne et souvent mêlé à des procès de sorcellerie. Dans le procès des Templiers, on mentionne l'adoration de Lucifer qui apparaissait à ses adeptes sous la forme d'un chat.
Les persécutions s'arrêtent au XVIIe siècle. Le Parlement de Paris finit par nier toute réalité aux pactes sataniques et aux maléfices. La persécution des sorcières et de leurs chats a culminé au XVIe et XVIIe siècle et a coïncidé avec la Renaissance et la montée de l'humanisme.
LA PESTE NOIREAu XIVe siècle, la Peste noire, ou la Grande Peste, pandémie de peste bubonique, ravagea l'humanité : entre 1346 et 1350, au moins un tiers de la population européenne fut décimée, soit environ 25 millions de victimes. Elle resta endémique pendant trois siècles.
Elle se propagea à cause des puces du rat. Malgré les croyances de l'époque, le chat ne jouait aucun rôle dans la transmission de la peste. En revanche,comme il était massacré, la maladie se répandit davantage. Si l'on n'avait pas accusé à tort le chat d'être responsable de la peste, l'épidémie n'aurait pas duré aussi longtemps. Le lord-maire de Londres, par exemple, appela au massacre de tous les chats, facilitant ainsi sans le savoir la propagation de la maladie.
Le seul animal qui n'était pas soupçonné alors était le rat (alors qu'il était depuis longtemps associé à la peste en Orient). Les paysans qui, malgré les risques encourus, avaient conservé des chats, échappèrent à l'épidémie, les chats ayant éloigné les rongeurs.
LES CHATS ET LES ROIS DE FRANCE Henri III (1551 - 1589), roi de France de 1574 à 1589, bataillait ferme contre les huguenots mais avait si peur des chats qu'il s'évanouissait lorsqu'il en croisait. Il fit exécuter 30 000 félins sous son règne.
Louis XIII (1601 - 1643), dont l'image est inséparable de celle de son principal ministre, le cardinal de Richelieu, avait de l'affection pour les chats. Richelieu, lui aussi, adorait les chats, qui lui tenaient compagnie, et ceux-ci régnaient en maîtres à la cour. Il a possédé jusqu'à 14 chats avec lesquels il jouait chaque matin. C'est lui qui réhabilita le chat en lui redonnant son rôle de dératisateur. Il lui octroya même une mission de la plus haute importance : protéger des rongeurs les trésors de la librairie royale. Peut-être influencé par le cardinal, Louis XIII mit un terme aux persécutions des félins organisées sous son règne par l'Eglise chrétienne.
Le fils de Louis XIII, Louis XIV, qui règna de 1643 à sa mort en 1715, traînait pour sa part une réputation peu flatteuse aux yeux de ceux qui aimaient les félins : on dit qu'en 1648, alors qu'il n'avait que 10 ans, il dansait autour des bûchers où des chats brûlaient vifs. Son père et Richelieu n'étaient plus là pour défendre la cause féline. A cette période, les canaris, les perroquets et les chiens avaient supplanté les chats à la cour, et ceux-ci restaient confinés aux cuisines.
Louis XV fut sans nul doute le roi qui aima le plus les chats. Il avait pour animal de compagnie un chat blanc qui venait dans sa chambre chaque matin et qui était autorisé à jouer sur la table du conseil royal pendant les réunions. Il ordonna l'arrêt des bûchers de chats à la St Jean, "tradition barbare et primitive" selon lui.
Louis XV se montre bienveillant sous son règne envers un écrivain qui célébra la gente féline en publiant en 1727 le premier ouvrage consacré à l'apologie du chat. Il s'agit de François Augustin Paradis de Moncrif et de son "Histoire des chats".
Napoléon Bonaparte détestait les chats et y était allergique. Sous son influence, le Code Civil définit juridiquement le chat comme un meuble (Livre II, Titre I, Chapitre II, "Article 528 : Sont meubles par nature les animaux et les corps qui peuvent se transporter d'un lieu à un autre, soit qu'ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu'ils ne puissent changer de place que par l'effet d'une force étrangère.")
Léon XII (1760 - 1829), réputé pour sa bonté, aimait beaucoup les chats. Un chat tabby né vers 1825 au Vatican, prénommé Micetto ("petit minet" en italien), devint son animal de compagnie et compagnon le plus intime, notamment dans les dernières années de sa vie. Le pape donnait audience avec le chat emmitouflé dans les plis de sa robe.
Micetto, après la mort de Léon XII, fut adopté par Chateaubriand, qui était alors ambassadeur de France au Vatican. Le pape lui en avait fait cadeau, mais en précisant qu'il ne pourrait en prendre possession qu'après sa mort. Micetto vécut avec l'écrivain en France, après que celui-ci ait démissionné de son poste d'ambassadeur, et mourut très vieux.
Dans "Les mémoires d'Outre-tombe", Chateaubriand écrit qu'il "cherche à faire oublier [à Micetto] l'exil, la chapelle Sixtine et le soleil de la coupole de Michel-Ange sur laquelle il se promenait, loin de la terre..."
Un autre pape, Pie IX (1792 - 1878), est également réputé pour son amour des chats. Il possédait un chat qui attendait patiemment qu'il ait fini de manger. Quand Pie IX avait terminé son repas, il donnait à son chat un repas spécial qui était servi à sa table.
LE CHAT COMME SOURCE D'INSPIRATIONAu XIXe siècle, le chat est certes estimé pour son utilité mais il est également apprécié pour sa beauté. Les premières expositions félines ont lieu à Londres (Crystal Palace, 1871).
Il inspire les artistes : écrivains, peintres, etc. Tout au long de ce siècle, il conquiert sa place dans les foyers. Des siècles d'obscurantisme et de cruauté imbécile sont enfin vaincus.
LE CHAT AU XXe SIECLE Au début du XXe, on retrouve le chat partout : cartes postales, lithographies, affiches publicitaires, etc. Ceci s'est prolongé jusqu'à aujourd'hui (on ajoute les T Shirts, les tasses, les bibelots divers).
Lors de la première guerre mondiale, plus de 500 chats anglais ont été utilisés en France et dans les Flandres pour détecter les gaz toxiques sur le front. Quand un chat s'effondrait, les soldats savaient alors qu'une attaque était imminente.
Pendant la deuxième guerre mondiale, des chats ont également permis de sauver des vies humaines. Ils ont été utilisés à nouveau pour détecter les gaz toxiques et certains d'entre eux pressentaient apparemment les attaques aériennes.
Maintenant, le chat vit avec nous, dans les familles, il dort sur les lits. Il est soigné, chouchouté, ses repas sont équilibrés, calibrés, savamment dosés. Il partage notre confort, on s'inquiète quand il disparaît trop longtemps, on est dévasté quand il meurt. Il n'y a pas de doute, "les chiens ont des maîtres, les chats ont des esclaves" (Amanda bell).